La colo, c’était comment de mon temps?

Souvenirs d’un enfant heureux qui a passé tous ces étés en colo avec ses frères et ses copains. A quoi ressemblaient les séjours des années soixante?

La colonie de vacances, certains enfants y ont passé tous leurs étés. C’est le cas d’Hervé Michel. Dans les années soixante, il partait, avec ses frères, dans le centre où travaillaient, l’été, ses parents, puis, en solo, dans d’autres colonies. Il nous parle de ces étés heureux.

1 mois de colo. Mes souvenirs les plus anciens remontent à l’année 64. C’est l’été, sur l’Ile d’Oléron, où mes parents travaillent, j’ai 4 ou 5 ans et j’y suis avec mes deux frères. Dans ces années-là, les séjours n’étaient pas mixtes : le mois de juillet était réservé aux garçons et le mois d’août aux filles. Les enfants restaient 4 semaines au même endroit, mais cela passait très vite !

Copains. Qu’est ce qu’on rigolait ! Chaque été, c’était de nouvelles camaraderies. Avec mes frères, nous venions de région parisienne, mais nous rencontrions des enfants de toute la France. Je ne me souviens d’aucune bagarre, d’aucune querelle…  C’était chouette. En grandissant, nous avons conservé de vraies amitiés durables…

Ile d’Oléron, la Jaudonnière 64-65, équipe de garçons.

Uniforme. Pull, short… à l’époque, nous étions habillés « tous pareil », un peu comme l’étaient les scouts. Nous portions une tenue prêtée par le centre et seule la couleur du foulard nous distinguait, par tranche d’âge : jaune, bleu, rouge… Cela devait aider les animateurs à nous repérer, nous devions être entre 8 et 10 enfants par adulte !

Animateurs. Ils étaient enseignants ou bien étudiants, car le diplôme de moniteur donnait alors des points au concours d’instituteur. Ils avaient entre 21 et 25 ans, mais une autorité qui nous paraissait naturelle. Je leur tire mon chapeau : c’était eux qui mettaient en place toutes les activités, comme fabriquer des cerfs-volants, monter la kermesse avec des stands de chamboule-tout ou de pêche à la ligne, ou bien organiser des grands jeux par exemple.

Ile d’Oléron, la Jaudonnière 64-65, spectacle.

Chansons. Quand on sortait du centre, c’était pour faire une balade ou aller à la mer, nous baigner, jouer, construire des châteaux de sable…On marchait peut –être 1 kilomètre ou 2, c’était tout proche, mais qu’est ce qu’on chantait ! On chantait tout le temps et des chansons, il y en avait pour toutes les occasions, pour marcher, pour la veillée… On connaissait tous les tubes du moment, Joe Dassin, etc. Je les connais encore par cœur.

Balle aux prisonniers, tournoi de foot, jeu poule – renard – vipère… tous les jours, nous courrions au grand air mais les animateurs organisaient aussi des jeux de stratégie, comme une bataille navale géante, une chasse aux trésors ou un jeu de « douaniers contrebandiers ». On jouait par équipe, il y avait des règles à respecter, c’était un réel challenge… Cela laisse des souvenirs forts !

Veillée. Le soir venu, on chantait, on faisait des jeux, on organisait une soirée déguisée ou bien un spectacle, avec des numéros de chant, de danse, de théâtre… tout ce que l’on pouvait imaginer… Même les animateurs s’y mettaient. C’était des fous rires à ne plus finir…

Riz au lait, gâteau de semoule… C’était le type de dessert maison que l’on nous servait à la cantine. Je me souviens aussi des frites, qui avaient beaucoup de succès, des gaufrettes à petits messages, et des glaces en pots individuels : on n’entendait plus alors que le bruit des petites cuillères… Alors qu’il faut imaginer une cinquantaine d’enfants, assis à de grandes tables… C’était parfois le brouhaha.

Ile d’Oléron, la Jaudonnière 64-65, sa restauration.

Vie en collectivité.  Au réfectoire, nous aidions à tour de rôle à mettre le couvert, à débarrasser… Après le petit déjeuner, nous rentrions nous brosser les dents, faire notre lit, nous habiller pour l’activité du matin… On apprenait à être autonome. Et il n’y avait pas tout le temps des activités : après le repas, il y avait par exemple un moment pour ne rien faire, souffler, nous reposer, dessiner, pendant que les animateurs faisaient eux aussi une petite pause.

Parents.  Toutes les semaines, on nous proposait d’écrire une petite carte postale ou un dessin à nos parents. Le téléphone était réservé aux urgences. On faisait vite, parce qu’on avait plutôt envie de rejoindre les copains et qu’on ne voulait rien rater ! C’était plutôt de retour à la maison, au fil des mois, que l’on racontait ce que l’on avait vécu… mais il y a des choses que je ne leur ai jamais dites !

Dortoir. Ce n’était pas vraiment des chambres, mais plutôt des dortoirs de 7 ou 8 enfants. Je me souviens même d’un séjour où nous étions 20 ! Une ambiance du tonnerre ! Imaginez toutes les bêtises que l’on a pu faire, les vêtements planqués, les lits en portefeuille, les batailles de polochons… Sans oublier toutes les histoires drôles que l’on s’est racontées…

Ile d’Oléron, la Jaudonnière 64-65, l’équipe des filles.

Filles. Cela aussi, ça compte ! A 9 ou 10 ans, tout était nouveau : les boums, les messages romantiques… La nuit tombée, nous descendions parfois discuter avec les filles, dans leur chambre, en essayant de ne pas nous faire attraper par les animateurs… Quelles émotions…

Centimètres. Le jour de l’arrivée, on nous pesait et on nous mesurait. Et idem quand on partait. Après chaque été, on avait pris quelques centimètres… La colo, cela aide à grandir !

 

Propos recueillis par Agnès MOREL

Crédits photos © collection privée de M. Michel

 


Depuis ce temps les colonies de vacances ont bien changé! A commencer par la mixité garçons-filles, les diplômes BAFA et BAFD pour les animateurs, les nouveaux moyens de communication, et, en général, la réglementation qui a beaucoup évolué. Puis la durée des séjours s’est raccourcie, les activités proposées aux enfants se sont beaucoup diversifiées aussi. Par contre ce qui ne changera jamais s’est l’esprit de la colo, ses copains, ses découvertes, ses joies et ses apprentissages!

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