Classes de découverte : quand apprentissage rime avec plaisir

 

Classe verte, classe de neige, classe de mer, initiation linguistique…  Chaque année, des enseignants organisent des classes de découverte. Pourquoi ? Quels en sont les bénéfices pour les élèves ? Faut-il encourager ses enfants à partir ?

Eva est rentrée à la maison les yeux brillants : cet hiver, elle partirait, avec les autres CM2, dix jours à la neige ! Chaque année, à la rentrée, c’est la question qui taraude élèves et parents : y aura-t-il cette année un voyage au ski, un séjour à la mer ou à la campagne, un échange linguistique, bref, une classe « transplantée » comme on l’appelle dans le jargon de l’Education Nationale ?

« Il n’y rien d’obligatoire, prévient Aurélie, enseignante à Rennes, et cela relève de la libre initiative de chaque enseignant. Car un tel séjour représente du travail supplémentaire…. Non seulement, pendant la classe de découverte, mais surtout cela demande toute une organisation en amont. »

L’enseignant volontaire (et bénévole) peut, dans certaines communes, profiter d’un centre de vacances dont la commune est propriétaire. La ville d’Antony par exemple possède deux centres, l’un dans le Morbihan, l’autre en Haute Savoie. Idem à Clermont-Ferrand, etc. Il est sinon possible de s’adresser à un organisme spécialisé qui gère tout de A à Z. L’objectif étant de valider en amont différents critères : la distance, le respect des normes (pas de lit superposé avant 6 ans…) et les activités.

« Mais attention, on ne part pas en vacances », reprend Aurélie « C’est avant tout un projet pédagogique, validé par l’inspection académique ». Car l’objectif est bien de faire de nouveaux apprentissages. La jeune femme est ainsi partie, avec sa classe de CM2 en classe « astronomie », étudier le système solaire, les mouvements de la terre, l’alternance jour/nuit… grâce à la visite d’un observatoire, des séquences d’observation, mais aussi la réalisation de travaux pratiques (carte du ciel…).

« On ne part pas en vacances » 

Des apprentissages qui sortent de l’ordinaire. Deux enseignantes de l’école Ferdinand Buisson, d’Antony, parties en Bretagne, ont ainsi fait travailler leurs élèves sur « la laisse de mer », cette ligne sur la plage, où se déposent les algues, les plumes, les carapaces de crabes, mais aussi des déchets. « On trie, on observe, on évalue, on réfléchit… ».

Ce séjour, les enseignants l’ont préparé minutieusement. Cécile enseigne dans une petite école de village, en Dordogne. Quand, l’année dernière, elle a emmené ses jeunes élèves en « séjour spéléologie » à la base de Mezels, dans le Lot, les animateurs ont été surpris : « tous nos élèves, même les plus petits, n’attendaient qu’une chose : voir en vrai les chauves-souris, les araignées, toute la faune qui vit dans les grottes et que nous avions étudiée toute l’année ! »

Car l’enseignante y avait préparé ses élèves dès janvier, avec « des photos et des explications très concrètes : la spéléologie, c’est avancer dans le noir, avec une lampe frontale, à plat ventre, dans des passages très étroits, croire qu’on est bloqué et réussir à passer ! » Résultat : quelques mois plus tard, sous terre, aucun enfant n’a eu peur.

Les professeurs organisent également des à-côtés. Outre la spéléologie, par exemple, le séjour prévoyait d’autres activités : « escalade, rallye à énigmes, nuits sous tente… ». En 2018, la nouvelle classe transplantée, organisée dans les Landes, comprendra aussi une sortie à l’aquarium, une initiation à l’Optimist, de la pêche à pied, la visite du phare et la découverte de la pelote basque… « De quoi créer un beau carnet de voyages ! »

Cet emploi du temps, Cécile ne l’a pas préparé seule, mais avec ses collègues : dans son école, ils sont plusieurs à partir. « Nous travaillons beaucoup ensemble, nous nous entendons bien et c’est ce qui nous motive pour organiser les classes découvertes ! On adore ça », s’enthousiasme-t-elle. « Et puis, c’est très enrichissant pour les élèves, les plus petits travaillent avec les plus grands ! »

Si elle continue d’y consacrer autant de temps, chaque année, c’est qu’elle en voit les bénéfices : « cela permet de découvrir les enfants autrement ». Aurélie, qui enseigne à Rennes, confirme. « Cela apporte de la cohésion au groupe classe, les enfants sont heureux de partir ensemble… » sans oublier l’autonomie qu’ils acquièrent dans la gestion de leurs affaires personnelles et leur vie quotidienne.

« Il n’y a pas de coup de cafard »

Pour autant, ce n’est pas toujours facile de convaincre les parents « pour lesquels c’est souvent plus dur que pour les enfants » sourit Cécile, qui a pris le parti de l’annoncer très tôt dans l’année, « afin qu’ils aient le temps de s’y préparer ».

A l’heure des nouvelles technologies, difficile pour eux d’attendre deux ou trois jours pour avoir des nouvelles. « Nous avons l’immense joie de vous annoncer qu’il n’y a pas de coup de cafard, que les «Ptits Mousses» ne réclament en aucune façon leurs parents, trop occupés qu’ils sont à grandir et apprendre », écrivaient en mars, les deux enseignantes d’Antony, sur le blog de leur classe de mer.

Car du côté des enfants, cela se passe bien. « Et cela fait tellement de souvenirs ! » s’exclame Aurélie, dont les élèves ne quittent pas souvent la Bretagne. « Une année, nous avions organisé une classe de neige. Nous avions pris un train de nuit. Au petit matin, quand ils se sont réveillés et qu’ils ont aperçu la montagne, ce fut… un éblouissement ! ». De quoi être motivé…

Agnès MOREL

 

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