Allemand, espagnol, anglais…Le Compte Personnel de Formation, qui prend désormais le relais du DIF, permet de se former gratuitement, tout au long de la vie. Notamment… en langues vivantes. Témoignages.
Dès que son CPF afficha un crédit suffisant, Aurélie Poquet s’est inscrite l’an passé, à une formation d’anglais. Une langue dans laquelle elle ne se sentait pas « assez à l’aise pour travailler ». « Et je m’en serais voulu, si à cause de cela, je ratais une opportunité professionnelle ». La cadre, basée en Haute Savoie, habite en effet tout proche de la Suisse.
Aujourd’hui, la plupart des formations financées par le CPF, qui remplace l’ex- DIF depuis 2015, sont des formations en langues vivantes. L’avantage pour le stagiaire : choisir lui-même sa formation en fonction de ses besoins et de ses objectifs. La prise en charge financière varie, le reste à charge potentiel pouvant être financé par l’entreprise ou le stagiaire lui même. Voire les partenaires sociaux, la région ou Pole emploi si la personne recherche un emploi.
Comment choisir ?
Il y a ensuite deux possibilités : décrocher l’accord de son employeur pour se former sur ses heures de travail, ou bien poser des congés payés. Une solution choisie par Aurélie, afin de pouvoir partir deux semaines de suite en Grande Bretagne. Elle a choisi l’immersion : « Bien sûr, j’aurais pu prendre 1 à 2 heures de cours par semaine pendant 6 mois, mais je voulais une formule plus condensée », explique la jeune femme. « Comme un cours d’accélérateur ».
15 heures, 30 heures, 40 heures… la formule extensive, l’un des classiques des écoles de langues, reste très populaire auprès des services Formation des entreprises. L’avantage ? des rendez-vous réguliers, en individuel ou en petit groupe, qui mènent à des progrès durables. Bémol : il faut tenir sur la longueur. « Prendre des cours après le travail, c’est prendre le risque d’avoir des cours qui sautent, pour cause d’impératifs professionnels. Le taux d’absentéisme est très élevé », regrette Marc Chevallier, qui dirige You’re welcome, une agence de séjours linguistiques.
A contrario, si elle demande de faire une coupure avec sa vie professionnelle, la formule intensive, sur 1 ou 2 semaines par exemple, est adaptée aux salariés désirant s’améliorer rapidement, avant, par exemple, la présentation orale d’un projet , une évolution hiérarchique, un changement de poste, etc. Exactement le cas par exemple de Marie-France Cavarec, responsable formation chez L’Oreal : « je n’avais pas trop le choix, j’étais désormais amenée à animer des sessions de formation en anglais… alors que ne pratiquant plus depuis des années, je me sentais toute rouillée ».
Une formule à la carte
Dans tous les cas, les écoles de langues proposent des solutions personnalisées et adaptées à chaque problématique. Non seulement elles font réaliser en amont des tests linguistiques, permettant de regrouper les stagiaires selon leur niveau, mais elles sont surtout à l’écoute des demandes de chacun : plutôt du one-to-one, pour travailler l’oral ou des cours avec 4-5 personnes ? en langue générale ou professionnelle ? En France ou à l’étranger ? Débouchant sur une certification, type BULATS ou TOEIC ? « J’ai pu réfléchir à tête reposée et choisir ce qui me semblait le plus pertinent », confirme Aurélie.
D’autant que les écoles proposent désormais des formules de plus en plus variées. La jeune femme a ainsi pu choisir de partir à Newbury, une petite ville proche de Londres, et loger chez ses enseignants, des « gens charmants », avec qui elle a pu reprendre les bases, pas à pas, et dépasser sa peur de s’exprimer à l’oral. « Vocabulaire, syntaxe, mise en situation… nous travaillions à domicile, en one-to-one, 6 heures par jour, sur les points qui me bloquaient tout particulièrement, avant de sortir explorer les environs ». Des excursions elles-aussi, en version originale, qui lui ont bien plu !
De son côté, Marie-France, a également choisi une formule intensive, mais… en France, en Mayenne, pour se concentrer uniquement sur l’apprentissage de la langue. Car l’établissement propose des semaines de… 60 heures de cours. « Je voulais vraiment rentabiliser ma semaine et ne pas me reconnecter à ma messagerie professionnelle, tous les jours à 17 heures ! », explique la cadre. « Cela peut faire peur, mais de fait, on ne voit pas la journée passer, car on change d’enseignant et de thème toutes les heures, en alternant cours individuels et collectifs ». La formule comprend notamment des mises en situation professionnelles : « On peut simuler une réunion, une présentation, un déjeuner d’affaires… ce qui permet d’acquérir des notions très utiles en entreprise : proposer, contredire, synthétiser, rapporter… » explique Thibault Le Marié, le directeur de Châteaux des langues.
Pas un seul mot de français
Résultat, les progrès sont là : meilleure prononciation, assurance grammaticale, réflexes à l’oral… « Il faut dire qu’en tant adulte, on sait pourquoi on est là », explique Aurélie, « On est volontaire, il n’y a pas de problème de motivation ». Certaines écoles envoient même des exercices en amont, conférences Ted à regarder, vocabulaire à retenir, conjugaison à revoir… pour s’échauffer et être opérationnel tout de suite. Souvent, le travail personnel se fait au fil de la journée, sans difficultés. « On se prend au jeu. On est plongé dans un bain linguistique tous les jours et on n’a pas le choix : il faut y aller, parler, tenter… même si on se trompe », confirme Marie-France.
Dans ce type de séjours, il n’y a pas de temps mort, pas d’occasion où parler français : même les repas, les soirées, les sorties, sont des occasions de parler, d’acquérir un nouveau champ lexical, etc. Qu’il s’agisse d’un cours de cuisine, d’un débat à table sur le Brexit ou bien, sur place, d’une visite de l’université d’Oxford… Aurélie, qui, vivait chez ses enseignants, est revenue enchantée par ses deux semaines et compte repartir dans un an ou deux, dès que son CPF le lui permet, même s’il n’y a pas d’opportunité professionnelle en vue. « C’est très gratifiant de se sentir évoluer. »
Pour vérifier son crédit d’heures sur son compte personnel de formation (24 heures acquis chaque année + transférabilité des heures acquises au titre de l’ex-DIF) : http://www.moncompteformation.gouv.fr
A noter : La formation professionnelle s’apprête à connaître une nouvelle réforme. Les changements principaux? Le passage du Compte personnel de formation (CPF) en euros et non plus en heures. Tous les salariés verront désormais leur CPF crédités de 500 euros par an, plafonnés à 5.000 euros. Les salariés à temps partiel auront les mêmes droits que ceux à temps plein, une mesure qui va surtout bénéficier aux femmes, plus nombreuses à travailler à temps partiel.
Consultez la liste des organismes labellisés UNOSEL proposant des immersions dans le cadre du CPF