Les enfants pourront-ils partir en colonie ? Les organisateurs se préparent comme si

LA VIE EN COLLECTIVITÉ – Les colonies de vacances vont-elles avoir lieu en juillet et août ? Les organismes s’y préparent et travaillent avec le gouvernement sur différentes pistes afin de pouvoir accueillir les enfants dans les meilleures conditions. Emmanuel Macron devraient faire des annonces début juin.

« Les Français pourront partir en vacances en France au mois de juillet et au mois d’août, sous réserve de possibles restrictions très localisées en fonction de l’évolution de l’épidémie du coronavirus », affirmait jeudi Edouard Philippe. Mais qu’en est-il des colos qui font la joie chaque année de près d’un million de jeunes et qui sont, pour certaines familles, la seule occasion d’envoyer leurs enfants en vacances ?

Une bouffée d’oxygène rendue essentielle par plusieurs mois de confinement mais qui demeure toujours incertaine. « Pour l’instant, c’est un gros point d’interrogation, admet le cabinet de Gabriel Attal, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Education, contacté par LCI. Si dans certaines zones, on ne peut pas se déplacer à plus de 100 km, cela paraît compliqué. Il faut rester très prudent », dit-il tout en reconnaissant travailler depuis déjà plusieurs semaines avec tous les acteurs du secteur. « Si le 2 juin, toutes les conditions sont réunies, on sera en capacité de dérouler un plan qui sera annoncé par le président de la République ».

Une distanciation physique impossible

En attendant, les organisateurs de colonies de vacances se tiennent prêts et espèrent toujours pouvoir organiser des séjours cet été sur le territoire français. « Mais il faut qu’on ait un cadre pour avancer », réclament-ils, reconnaissant que trop d’interrogations demeurent : les séjours en groupe seront-ils autorisés ? Quels sports pourra-t-on faire ?  Dans les trains, des wagons seront-ils réservés pour limiter les contacts avec les enfants ?  

Faute de savoir quel protocole mettre en place, certains ont commencé à faire des propositions au gouvernement, à l’image de l’Unosel (Union nationale des organisations de séjours éducatifs linguistiques et formations en langues). « Nous sommes partis du principe qu’un accueil collectif de mineurs avec hébergement fonctionne comme une famille qui se confinerait ensemble, explique à LCI la déléguée générale Sabine Bonnaud. Au sein du centre, il n’y aurait pas de masques, ni de distanciation sociale. Des tests Covid-19 seraient par ailleurs obligatoires au départ pour les animateurs et les participants, ainsi qu’une prise de température quotidienne »

Selon cette association, qui labellise depuis 1978 plusieurs organismes dédiés aux séjours pour enfants, il s’avère en effet difficile de juxtaposer le modèle de la distanciation sociale mis en place au sein des établissements scolaires. « Cela fonctionne car on est dans des temps réduits avec un apprentissage qui nécessite une chaise et une table, même si cela oblige à quelques aménagements pour la récréation. Mais sur une colonie de vacances qui va durer une dizaines de jours, voire plus, où les enfants sont ensemble 24 heures sur 24, ce n’est concrètement pas possible. De plus, il est important de maintenir l’esprit de ces séjours, sans rajouter aux enfants un stress supplémentaire en imposant un dispositif trop rigide », avance Sabine Bonnaud. 

« En revanche, toute personne extérieure à la colonie, et intervenant ponctuellement devrait en revanche respecter la distanciation ainsi que le port du masque. De même si la colonie était amenée à sortir temporairement, tous les participants devraient scrupuleusement suivre l’ensemble des mesures barrières », assure-t-elle.

 

Malgré toutes ces précautions, les parents seront-ils enclins à laisser leurs enfants partir en colo cet été ? Rien n’est moins sûr…

« Des inscriptions avaient été faites pas des parents et des collectivités en début d’année, donc avant la crise, mais depuis tout a été gelé. Et maintenant nous sommes confrontés à de nombreuses annulations par les comités d’entreprise ou les mairies, qui ne peuvent pas se permettre d’attendre plus longtemps pour savoir si les colonies de vacances sont maintenues. Les familles, quant à elles, attendent encore un peu, mais comme il n’y a eu aucune inscription depuis le mois de mars, les effectifs sont considérablement réduits par rapport à la normale, reconnaît Sabine Bonnaud, qui s’émeut également du surcoût que toutes ces mesures vont générer : « il va falloir notamment plus de personnel pour nettoyer et plus d’animateurs pour encadrer les enfants. Qui va le financer ? Ce ne devrait pas être les familles mais on n’en sait rien. Une aide serait évidemment largement bienvenue d’autant que certains organismes sont déjà dans une situation financière très critique ».

Du côté du cabinet de Gabriel Attal, on assure qu’un accompagnement pourra être mis en place pour les structures en difficulté. « On planche par ailleurs sur des mesures sociales pour ces vacances, explique le conseiller du secrétaire d’Etat. Parmi lesquelles devraient figurer des solutions spécifiques pour les 1,3 million d’enfants vivant dans les quartiers de la politique de la ville. « L’une des pistes est d’étendre à 400.000 enfants le dispositif des ‘écoles ouvertes’, qui accueillent chaque année environ 70.000 enfants en proposant de l’école le matin, et des sports et de la culture l’après-midi », a annoncé jeudi Gabriel Attal. Des accueils de loisirs et des colonies de vacances en proximité, proches de la nature, sont également à l’étude.