Publié le 14/01/2019
Devenu indispensable au quotidien pour les parents comme pour les enfants, le téléphone portable risque d’être un frein à l’expérience d’un séjour jeunes si son utilisation n’est pas encadrée.
En effet, un des objectifs des séjours en colonies de vacances et des séjours linguistiques est indéniablement d’apprendre à vivre ensemble. Mission délicate, si le jeune reste accroché à son téléphone pendant toutes les vacances !
UNE OPPORTUNITÉ POUR « Libérer » les jeunes du téléphone portable
Pour beaucoup d’adolescents l’addiction au téléphone portable est réelle. Or les enfants et adolescents ont dans le cadre d’une colonie de vacances ou d’un séjour linguistique une opportunité exceptionnelle. Ils peuvent s’exprimer, échanger avec leurs pairs, découvrir de nouvelles activités et faire preuve de curiosité. Autant d’attitudes difficilement compatibles avec l’usage intensif du téléphone portable. Le séjour est une bulle qui les sort de leur quotidien. Pourquoi ne pas en profiter pour les « sevrer » de leur téléphone ?
UNE Communication qui doit être MAÎTRISÉE
Les professionnels constatent de plus en plus que l’accès permanent au téléphone portable pendant les séjours peut malheureusement aussi créer des dérives. En effet, des vidéos ou photos peuvent être prises à l’insu de certains participants. Leur diffusion maladroite voire mal intentionnée sur les réseaux sociaux risque alors d’engendrer des situations complexes.
Par ailleurs, avec les téléphones portables la communication vers l’extérieur n’est plus contrôlée. Elle peut alors conduire à des excès voire à des situations de panique non justifiée.
En tant que parent, si votre enfant ou adolescent vous informe en direct d’une contrariété sur place, ne vous affolez pas. Contactez avant toute chose le centre afin d’avoir la version d’un adulte sur place et en charge du groupe au quotidien. Le plus souvent, il s’agit d’un problème mineur pouvant tout à fait être réglé sur place. Contacter ses parents ne doit pas empêcher de parler à ses interlocuteurs locaux. En effet, ils sont les mieux à même de solutionner toute difficulté et de prendre la mesure de l’éventuelle gravité.
LE BESOIN DE Couper le cordon avec les parents
Pour la réussite d’un séjour les enfants doivent ainsi faire un effort pour se détacher de leur téléphone. Mais les parents doivent, de leur côté aussi jouer le jeu et le limiter autant que possible. Communiquer sans arrêt avec son enfant par le biais de SMS ou d’appels, ne lui permet pas de vivre pleinement son expérience.
En effet, si les enfants sont en contact permanent avec leurs parents, l’objectif d’autonomisation souvent recherché dans le cadre des séjours en colonies de vacances ne sera pas atteint.
De même, dans le cadre d’un séjour linguistique, l’immersion dans la langue locale, et la coupure avec le français ne sera pas possible et optimisée.
L’avis des professionnels
C’est pourquoi la plupart des professionnels pensent qu’il est nécessaire de réduire l’utilisation du téléphone portable dans le cadre des activités de séjours de vacances.
De plus en plus d’organismes labellisés Unosel limitent ainsi l’accès au téléphone portable sur des tranches horaires précises voire recommandent de ne pas le prendre sur le lieu du séjour.
Selon les professionnels qui pratiquent la restriction du téléphone pendant les séjours, les enfants y sont en fait plutôt favorables. Si ces derniers semblent légèrement réticents le premier jour, cela devient très rapidement naturel. La plupart ne viennent d’ailleurs même plus chercher leur téléphone lors des créneaux mis en place.
Afin de limiter la frustration des adolescents qui auraient du mal à se détacher de leur portable, certains organismes ont trouvé des parades. Ils leur proposent, sur des temps limités, de participer eux mêmes à la communication du groupe. Ainsi, ils sont en charge d’alimenter le blog du séjour, sous la responsabilité d’un animateur. Un moyen malin de rester connectés en évitant tout dérapage.
Lire aussi :
>>Le vrai métier de parents … c’est d’apprendre à se séparer
Pédopsychiatre, Philippe DUVERGER dirige le service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU d’Angers (49). Spécialiste des relations parents-enfants, il vient de publier « Mes parents sont fragiles », aux éditions Anne Carrière. Il revient, pour nous, sur la difficulté à se séparer de ses enfants pour les vacances
>> L’amitié un besoin biologique pour les enfants et les adolescents
Après avoir exercé comme psychologue praticien, Pascal Mallet enseigne désormais la psychologie du développement à l’université Paris 10 Nanterre. Il a publié en 2015 chez Armand Colin un ouvrage intitulé « L’amitié entre enfants ou adolescents, une force pour grandir », un thème sur lequel il revient avec nous.